Inondations
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Risques et coûts liés à l’eau
Avec le changement climatique et ses répercussions, il est d’autant plus urgent de se préparer afin de prévenir des futurs phénomènes « extrêmes » plus fréquents et plus intenses.
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Dommages environnementaux, économiques et sociaux
Les risques associés à nos usages de l’eau sont nombreux et variés. Ils peuvent être d’origine météorologique (inondations, tempêtes, sécheresses,…), sanitaire (maladies infantiles, épidémies, …) ou technologique (interruption de centrales thermiques ou nucléaires).
Ces risques, lorsqu’ils se réalisent, ont des effets multiples qui génèrent des dommages environnementaux, économiques et sociaux. De fortes articulations existent entre ces dommages. Par exemple, les dommages sur les habitations consécutifs à une inondation engendrent des dépensent pour les propriétaires et retardent la reprise de l’activité.
Exemple de dommages environnementaux : érosion des sols / menaces sur certaines espèces / destruction des milieux / propagation de pollution dans les milieux naturels / déversement des eaux usées dans les milieux naturels, etc.
Exemple de dommages économiques : pertes agricoles avec la baisse des rendements / paralysie des transports / interruption d'activités / arrêt de projets d'investissement / endommagement des structures et habitations (retrait-gonflement des argiles), etc.
Exemple de dommages sociaux : évacuations / foyers sans électricité / logements inhabitables / coupures téléphoniques / déshydratation, etc.
Pour aller plus loin
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Les coûts liés aux risques d’inondation et à la sécheresse
En France métropolitaine, on estime que plus de 17 millions de personnes sont exposées au risque d’inondation. Plus de 9 millions d’emplois pourraient également être menacés par le débordement de cours d’eau et plus de 850 000 par le risque de submersion marine.
Entre 2002 et 2013, 48 inondations ont été recensées en France par la base de données internationale sur les catastrophes (EM-DAT, CRED).
Pour être recensée, une inondation doit au moins respecter un des critères suivants :
- avoir affecté au moins une centaine de personne,
- avoir engendré au moins 10 morts,
- avoir fait l’objet d’une déclaration d’état d’urgence ou d’un appel à l’aide internationale.
Les coûts directs de ces inondations ont été estimés à 8,7 milliards d’euros soit, en moyenne, 180 millions d’euros par inondation. Sur la même période, 924 millions d’euros ont été investis dans diverses mesures de gestion des inondations (construction d’infrastructures, protection des littoraux, restauration de zones humides, etc.) (Commission européenne, HKI, RPA, 2014).
Les dernières estimations sur les crues les plus récentes annoncent des coûts de bien plus grande ampleur. Ainsi, l’Association Française de l’Assurance a estimé les pertes liées à la crue de la Seine de 2016 entre 900 millions et 1,4 milliards d’euros.
Illustration : proportion de maisons individuelles exposées au retrait-gonflement des argiles en métropole
© INSEE, 2017 / Réalisation Matthieu Nivesse, 2019
« En France, plus de 4 millions de maisons sont localisées dans des zones fortement et moyennement exposées au phénomène de retrait-gonflement des argiles. Ce phénomène, dont l’intensité est susceptible de s’amplifier avec le changement climatique, endommage la structure des constructions du fait des mouvements de sols qu’il induit, notamment à la suite des épisodes de sécheresse. Les dégâts qu’il provoque sont actuellement responsables de 38 % des coûts couverts par le régime d’indemnisation des catastrophes naturelles, soit environ 370 millions d’euros par an. »
Source : « Les acteurs économiques et l’environnement ». p.104, INSEE, 2017
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Prévenir ces risques : comment et à quel prix ?
Les coûts des dommages provenant des risques liés à l’eau peuvent s’avérer importants. Ces risques doivent donc être anticipés, notamment grâce à des mesures de prévention.
Ces mesures peuvent par exemple consister en :
- la création d’infrastructures (digues, bassins de rétention des eaux, etc.) ;
- la prévention, la sensibilisation ;
- l’éducation du grand public ;
- la veille et le recensement des évènements
- etc.
Dans le cadre de l’adaptation des pays européens au changement climatique, l’agence européenne de l’environnement a catégorisé les actions de prévention et d’adaptation en trois grands types de mesures complémentaires.
- Les mesures grises regroupent les interventions physiques avec des infrastructures comme des digues, des barrages, etc.
- Les mesures vertes rassemblent les actions qui utilisent les fonctions et services fournis par les écosystèmes et qui améliorent la résilience des milieux naturels. Par exemple, restaurer une zone humide ou redonner au cours d’eau leur espace de liberté naturelle (plaines inondables naturelles…).
- Et enfin, les mesures « douces » sont des actions de nature réglementaires ou informatives qui ciblent les comportements humains (plans d’action ou plans d’urgence, la surveillance des risques sanitaires, prévention…).
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Risques et changement climatique
Les risques liés à l’eau, et plus particulièrement aux évènements météorologiques vont augmenter sous l’effet du changement climatique.
D’après le GIEC (Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat) la température mondiale pourrait, d’ici 2100, augmenter de 2°C dans le meilleur des cas et de 5,5°C pour le scénario le plus pessimiste par rapport à la fin du 20ème siècle.
L’augmentation des températures a des conséquences sur l’environnement et donc notre société et ses activités économiques. Parmi les nombreux impacts du changement climatique on peut noter :
L’élévation du niveau de la mer qui pourrait augmenter de 40 à 98 cm d’ici 2100. Cela aurait pour conséquence d’augmenter le nombre d’habitants exposés au risque de submersion et d’augmenter les risques d’inondations côtières ainsi que d’érosion.
Une réduction des pluies et une augmentation des journées et des nuits chaudes dans les régions plus sèches qui entraineraient des périodes de sécheresse plus nombreuses.
Une diminution des quantités d’eau disponibles (baisse du niveau des rivières et des nappes phréatiques) générant des conflits d’usages d’eau douce et altèrent le bon état des milieux aquatiques, des habitats et de la biodiversité;
Des évènements météorologiques plus fréquents et de plus forte intensité entrainant plus d’inondations fluviales et de tempêtes.
A l’heure actuelle, il est compliqué d’estimer précisément quels seront les coûts associés aux effets du changement climatique.
Pour l’Europe de l’Ouest, Rojas et al. (2013) ont montré que le Royaume-Uni, la France et l’Italie font partie des pays pour lesquels le changement climatique aura le plus d’impact sur les dommages liés aux inondations de cours d’eau. Ces pays supporteront donc des coûts d’adaptation plus élevés.
A l’échelle mondiale, le GIEC estime qu’une augmentation de plus de 2°C de la température aurait pour conséquence un coût économique entre 0,2% et 2% du PIB mondial.
Au-delà des coûts économiques, le changement climatique affecte également la biodiversité et les écosystèmes. Les coûts environnementaux ne sont pour l’heure pas estimables mais il ne fait nul doute qu’ils viendront s’ajouter de manière significative aux coûts économiques, aggravant ainsi les coûts globaux engendrés par le changement climatique et le réchauffement de la planète.